La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a contraint les Français à s’habituer à télétravailler pendant plusieurs mois. Un mode d’organisation avec lequel ils étaient encore peu familiers. Avant, le travail à domicile ne concernait environ que 6,6 % des actifs en France. Si de nombreux actifs commencent à en ressentir les effets néfastes, à commencer par l’épineuse question du droit à la déconnexion, beaucoup souhaitent conserver la possibilité d’organiser leur temps de travail à leur gré. Un nouveau mode d’organisation qui aura (sans doute) des conséquences sur l’économie et l’immobilier.
Les impacts du télétravail sur l’économie
Organisation du travail, transports, management… Jusqu’aux fabricants de costumes et aux cantines d’entreprises, tous les secteurs afférents au monde du travail ont subi de la vague du coronavirus et de la généralisation du télétravail. Une organisation décentralisée que beaucoup ont expérimenté pour la première fois pendant le confinement.
Une expérience plutôt concluante : d’après une étude menée par Haiilo entre le 11 mai et le 26 juin 2020 auprès de 25 000 collaborateurs de grandes entreprises (Covéa, Engie, ENI, L’Oréal, Mazars, SNCF, STMicroelectronics), 84 % des sondés affirment vouloir en faire un mode d’organisation permanent, à raison de 2 à 3 jours par semaine en moyenne.
Une autre étude, menée cette fois par Malakoff Humanis, rejoint la première : 73 % des salariés souhaiteraient continuer à travailler à domicile de manière ponctuelle ou régulière.
Si tous les salariés et les entreprises ne l’adopteront pas définitivement, le travail à domicile est désormais inscrit dans le monde professionnel français. Avec les impacts qui l’accompagnent dans le quotidien des Français et l’économie.
Les SCPI, victimes collatérales du télétravail ?
Si les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) rencontrent un si franc succès, c’est notamment du fait de l’absence de vacance locative. En misant sur l’immobilier de bureaux, ces véhicules financiers sont assurés de ne jamais manquer d’occupants, surtout en agglomération. Idem avec les EHPAD, les crèches, les murs d’écoles, etc.
Or, si le télétravail venait à se normaliser, cela signifierait une fréquentation des bureaux beaucoup moins assidue, et donc une réorganisation des espaces de travail. Pour les entreprises, cela signifie moins de surface à occuper, et donc des loyers moins élevés. Des espaces dédiés aux rencontres et aux réunions plutôt qu’à l’exercice d’une activité isolée.
Moins de « bureaux » au sens propre, mais des espaces de travail en flex office. Pour le secteur de l’immobilier d’entreprise, ça n’est pas vraiment bon signe. Si les sociétés se mettent à sabrer à grande échelle dans leurs locaux, le prix du mètre carré de bureau risque en effet de chuter, et peut-être même, à terme, de s’effondrer. Et d’entraîner dans leur chute les commerces et infrastructures environnantes : fast foods, sandwicheries, salad bars, clubs de gym, salons de coiffure, etc.
Le mouvement sera perceptible aussi dans les centres-villes tertiarisés, qui deviendront moins actifs. Si ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’immobilier de bureau, c’en est une du moins pour les ménages qui peinent à se loger en ville. En effet, il y a fort à parier que tous ces nouveaux immeubles désaffectés finiront par être transformés en logements.
L’émergence des tiers lieux
Pour autant, on n’irait pas jusqu’à dire que le télétravail signe la fin des open space et autres lieux de travail. Si beaucoup de salariés l’ont adopté, c’est rarement à temps plein. La présence physique reste essentielle dans la culture d’entreprise. En revanche, les espaces de coworking, ateliers, bureaux à louer au mois, à la semaine, à la journée, etc., et autres espaces de travail mobile et temporaire ont tout à gagner du télétravail. Cible idéale pour les SCPI, ils symbolisent pour les salariés l’équilibre parfait entre travail à distance et environnement professionnel.
Même chose pour les entrepôts et espaces de stockages. Souvent situées en périphérie, ces infrastructures connaissent depuis plusieurs années un développement fulgurant avec le développement du e-commerce.