Comme beaucoup de secteurs avant lui, l’immobilier a lui aussi subi de plein fouet la vague digitale. Désormais, on peut trouver un logement, contacter son propriétaire, planifier un état des lieux et signer son bail sans lever les yeux de son écran. Rien de bien extraordinaire, constatent les entrepreneurs, c’est même une évidence, renchérissent les millennials. Qu’en est-il au juste ? Faut-il craindre les conséquences de la digitalisation du secteur immobilier ?
Le marché de l’immobilier à l’heure du web 2.0
À l’heure où il est possible de réserver un logement pour quelques jours à Deauville sur Airbnb ou un séjour tout compris dans un trois-étoiles à Agadir pour deux semaines en quelques clics, la recherche de logement fait figure de relique. Difficile pour les aspirants propriétaires et locataires d’envisager de passer des jours à courir les agences et les visites. Et pourtant, malgré la fièvre numérique qui a déjà contaminé tant de secteurs, la recherche de logement demeure un processus long, cher et fastidieux.
Faire le tour des agences, payer à chaque fois des frais, décrocher un crédit immobilier, déposer des dossiers, les courtiers, les visites… Le secteur immobilier est resté ancré dans des processus usés qui ne correspondent plus aux nouvelles habitudes des citoyens de plus en plus connectés, toutes catégories sociales et d’âges confondus.
Base de données, automatisation, Big Data et algorithmes
Immobilier commercial ou de bureau, résidentiel ou à destination locatif, financement ou projet d’aménagement, où qu’elle aille, la révolution numérique laisse son empreinte. Il faut dire qu’avec l’avènement d’Internet et ses supports mobiles (PC, tablettes, smartphones), les habitudes des consommateurs en ont pris un sacré coup. Ces derniers sont désormais accrochés à la quête de l’instantanéité, et toujours plus connectés.
De nouvelles exigences dont certains acteurs du secteur immobilier, conscients que c’est l’avenir du métier qui se jouent, ont su en faire une force : récupération de documents dématérialisés, signature de bail électronique transferts immédiats. La numérisation de ces processus a entraîné un gain de temps et une baisse des coûts (encre, papier, timbre).
Une gestion intelligente, à géométrie variable
Mais ce n’est pas tout. La gestion simplifiée des tâches administratives n’est que le prélude à la digitalisation du marché. Pour entrer dans le vif du sujet, il faut voir plus large : avec la généralisation d’une gestion intelligente des informations, l’archivage est aussi amené à s’autonomiser. Finies, les heures passées à classer les dossiers, les liasses de papiers entassés. D’ailleurs, l’autre point capital qui pousse le secteur à informatiser l’archivage réside dans la sûreté que cela représente. En cas de sinistre dans une agence immobilière (vol, incendie, inondation) qui entraînerait la perte des documents, une sauvegarde externe permettrait la continuité, même à moindre vitesse, de l’activité de l’agence.
Autre conséquence naturelle du tsunami digital : l’apparition de nouveaux acteurs. Ce marché voit également l’arrivée de startups qui ont compris le potentiel que représentait la digitalisation du secteur. Pour sa survie, l’immobilier se doit d’opérer son virage numérique. Certains l’ont pris en épingle en proposant, par exemple, une prise en charge à 100% de la recherche de logement, de mise en location et de gestion. D’autres proposent simplement un service de conciergerie ou de visites en ligne.
Quels sont les risques ?
Il y a avant tout la question de la sécurité et de la confiance. On n’achète pas un appartement comme on commande un pull chez Asos. Profitant d’un écosystème foisonnant dans le secteur immobilier, nombre de startups françaises ont créé des services innovants. Des outils et des plateformes conçus pour repenser complètement notre relation à notre habitat. Mais dans l’immobilier comme avec leurs impôts, les Français restent méfiants, voire un peu vieux jeu. Ils veulent voir, toucher, vérifier, quitte à perdre du temps en rendez-vous, formalités, contrôles. Bref, ils veulent du concret.
Qui peut les en blâmer ? Il s’agit de son futur lieu de vie, destiné à abriter sa famille, parfois être légué à ses enfants. Or, le parc immobilier locatif français n’est plus tout jeune, les pièges, les agents scrupuleux et les vices cachés existent bel et bien. Dans la recherche de logement comme en fiscalité, on n’est jamais trop prudents. C’est le pari réussi de Flatlooker, dont nous parlions déjà, qui se pose en intermédiaire entre un propriétaire et son futur locataire. Mais aussi de Homeloop, ChezNestor, HappyRenting et autres pépites de la PropTech.
Pour les nouveaux acteurs de l’immobilier, l’enjeu de la digitalisation est là : présenter leur concept (leur pitch, comme on dit) de façon pédagogique et amener les mutations en douceur.